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...Et très controversée...

 

L'hypothèse de Copernic suscite des débats dans la communauté scientifique. 

 

 

        A première vue, tout homme étranger au milieu scientifique constate bien évidemment que la conception de l’univers que se fait Copernic est erronée. En effet, il paraît inconcevable qu’un astre sur lequel nous vivons puisse être en mouvement constant, alors que nos sens ne nous l’indique en aucune manière. De plus, tout le monde sait alors pertinemment que le soleil se lève à l’est et se couche à l’ouest : il ne peut donc être immobile comme le prétend le savant polonais. Sa théorie paraissait tellement absurde et en contradiction avec les observations quotidiennes, qu’elle fut vite vivement rejetée par la majorité de la population. Cependant, plusieurs scientifiques ont étudié cette thèse et y ont trouvé un modèle qui n’est pas si absurde que l’on ne le prétend. Il a de cette manière été plusieurs fois repris, approfondi et modifié par plusieurs autres savants.C’est ainsi que s’est formé un certain combat entre deux modèles de l’univers, entre deux communautés de scientifiques.Le modèle géocentrique a été émis bien avant celui de l’héliocentrisme. En effet, on l’attribut généralement à l’astronome grec Claude Ptolémée qui vécu au IIe siècle de notre ère; alors que son antagoniste n’a été réellement pris en compte que plus d’un millénaire plus tard, lorsque Copernic mis le doigt sur ce modèle qu’il reprit en main. C’est seulement donc dans ces années que l’opposition entre scientifique s’est déclarée.
Lorsque Nicolas Copernic tente pour la première fois de publier son modèle en 1543 dans De revolutionibus   Orbium Coelestium tel qu’une simple hypothèse, celle-ci est difficilement prise au sérieux par la grande majorité du peuple, de l’Eglise et de la communauté scientifique, bien ancrés dans leurs convictions. En effet, il est alors communément admis que l’univers et définit tel que l’explique la Bible, et non avec une Terre mobile et un Soleil qui en est le centre. Cela paraît alors improbable que cet astre puisse être sujet à une rotation sans qu’aucun corps à sa surface n’en soit expulsé par le force centrifuge, et que la Lune suive son mouvement orbital autour du centre de l’univers que serait le Soleil.

Parmi les partisans du modèle héliocentrique, on compte entre autres, aux côtés de Copernic, Galilée, Kepler, Giordanno Bruno ou encore Tycho Brahe, légèrement dans un entre-deux avec un modèle personnalisé combinant les deux modèles.

Le commencement de ce duel scientifique s’amorce suite à la publication officielle de ce modèle révolutionnaire qu’est l’héliocentrisme en 1543 dans l’ouvrage de Copernic mentionné précédemment. Toutefois, le livre ne cause à sa parution qu'un discret débat et ne provoque pas de sermons enflammés sur le fait qu'il contredisait les écritures saintes.

Tycho Brahe, lui géocentrique, affine les calculs, au-delà de Copernic et au-delà de Ptolémée, en maginant en 1588 un système combinant les deux modèles principaux : le système tychonique. Son assistant Johannes Kepler retourne lui à l'hypothèse héliocentrique, cette fois en employant des orbites elliptiques et une relation sur les distances des orbites. Ce modèle, accepté par Isaac Newton, devient son modèle héliocentrique, justifié par sa nouvelle physique.

Mais c’est Galilée qui devra faire face à la majorité des attaques à l’encontre de l’héliocentrisme menées par les différents scientifiques de l’époque. Les attaques à son encontre se font déjà sentir dès 1610 avec la publication de son ouvrage Sidereus Nuncius. En effet, les partisans de la théorie de Ptolémée, devenus ennemis opiniâtres du savant italien, ne peuvent pas se permettre de perdre la face et ne veulent pas voir leur science être calomniée et discréditée. Quelques flèches sont alors envoyées contre Galilée mais sans succès, ses observations sont justes : le savant est inattaquable astronomiquement parlant. Les attaques se dévient donc vers sa théories des corps flottants (Galilée pense que la glace flotte parce qu'elle est plus légère que l'eau, alors que ses adversaires prétendent que c'est dans sa nature de flotter), notamment via la “bataille des corps flottants”. Fin 1612, les attaques au sujet de l’héliocentrisme reprennent avec une homélie lancée par un dominicain du nom de Niccolo Lorini, résolument opposé à l’hypothèse de la rotation de la Terre. Celle-ci n’a pas de conséquence directe mais les débuts des attaques religieuses. Suites à celles-ci, finies en février 1616 par la censure partielle de la thèse copernicienne, c’est au tour d’Orazio Grassi d’attaquer Galilée par un pamphlet sournois et dangereux. Le savant y contre avec ironie grâce à L’Essayeur mais Grassi, ridiculisé, se venge par l’envoi d’une lettre anonyme à l’Inquisition. Galilée se tire d’affaire mais devra au cours du reste de son existence faire encore face à une Inquisition sans pitié.

 

Le modèle héliocentrique s’est imposé peu à peu au sein de la société, même s’il a été de très nombreuses fois vilipendé, par exemple avec l’ouvrage Almagestum novum, publié en 1651 par l’astronome et prête jésuite italien Giovanni Battista Riccioli, dans lequel il remet en question le système copernicien.

 

 

 

Cette nouvelle théorie de l'univers remet en cause les dogmes religieux de l'Eglise.
 

 

 S’il arrive aujourd’hui que l’Eglise tende la main à la science, cela n’a pas toujours été le cas. Par exemple, la théorie de l’héliocentrisme est une thèse qui contredisait les écrits sacrés et admis de l’Eglise. A cette époque, celle-ci affirme fermement que la Terre, immobile, est au centre de l’univers (modèle appelé géocentrique). L'Église avait à l’époque de ces scientifique et notamment de Copernic un importance fondamentale au sein de la société, et pouvait se montrer impitoyable avec les hérétiques, et ce à travers l'Inquisition. Les astronomes qui travaillaient sur cette thèse devaient donc être très délicats sur ce propos et toujours considérer ce modèle comme une simple hypothèse. Cependant plusieurs scientifiques ont été sanctionnés voire exécutés pour cela.

   

 Le premier à en faire les frais est évidemment Nicolas Copernic. Principal acteur de cette révolution, c’est le premier à véritablement mettre en place et proposer ce modèle héliocentrique. Il le fait par la publication de son ouvrage De revolutionibus Orbium Coelestium, commandé par le pape Paul III qui veut réformer le calendrier et vérifier la théorie de Claude Ptolémée, astronome grec du IIème siècle à l’origine du modèle géocentrique admis par le clergé. Celui-ci est, malgré un prudent préambule, assez mal perçu par le clergé : Le pasteur protestant Luther le traite de sot et le contredit. De même, un Dominicain dénommé Giovani Maria Tolosani écrt en 1546 un traité dénonçant le caractère relativement blasphématoire de ces écrits et défendant la vérité absolue des Écritures. Il affirme aussi que Bartolomeo Spina,  Maître des Lieux Saints, avait auparavant tenté de condamner ces écrits mais en avait été empêché à cause de sa santé défaillante. Néanmoins, et malgré le fait que seule une dizaine de scientifiques le soutient lorsqu’il proposa son modèle, Copernic n’a, de son vivant, jamais été inquiété par l'Église. En effet, ses travaux passent au début inaperçus.

 D’autres scientifiques qui ont par la suite repris les travaux de Copernic ont été violemment réprimandés. C’est en particulier le cas de Giordano Bruno, ancien frère dominicain et philosophe italien né en 1548 et mort en 1600. C’est le meilleur exemple pour exposer la cruauté et la sévérité de l'Église lorsqu’il s’agissait de maintenir sa crédibilité et son importance au sein de la société. Le scientifique en fait les frais à travers le procès dont il est l’accusé qui s’étend sur huit années, de 1592 à 1600.

Giordano Bruno est dénoncé à l’Inquisition vénitienne, très active, le 23 mai 1592, par un jeune romain appelé Giovanni Mocenigo. En effet, celui-ci avait invité Bruno en août 1591 à Venise, afin d’être enseigné sur l’art d’inventer et l’art de mémoire. Cependant, alors que Mocenigo considère rapidement qu’il n’a pas son content et que Giordanno Bruno pense à l’inverse que c’est déjà un honneur qu’il fait au jeune patricien que d’être présent, le scientifique désire quitter la ville. Mocenigo n’accepte pas cette décision et retient prisonnier Bruno. N’arrivant pas à se le soumettre, il finit par le dénoncer à l'Inquisition qui le jette à la prison de San Domenico di Castello.

Tout au long de ces 8 années de procès, l’acte d’accusation concernant le scientifique ne cessera de s’aggraver. Le premier acte concernait principalement ses positions théologiques hérétiques, alors que ceux qui suivirent le sanctionnaient pour ses différents blasphèmes contre le Christ, Marie,... Alors que Giordanno Bruno est au bord de la libération grâce aux tribunaux vénitiens, il est exceptionnellement extradé à Rome dans les geôles vaticanes du Saint-Office sur intervention du pape en personne. Durant les sept années de procès qui suivirent, Bruno ne concéda rien : “Je ne crains rien et je ne rétracte rien, il n'y a rien à rétracter et je ne sais pas ce que j'aurais à rétracter”, répond-il lorsque le pape Clément VIII lui propose une dernière fois de se soumettre. Il est ainsi condamné au bûché le 17 février 1600, sans jamais plier devant la force inquisitoriale de l’Eglise.

                Un autre scientifique qui a dû se limiter face au modèle géocentrique communément admis et faire face à une Eglise impartiale est le bien connu Galilée, scientifique italien né en 1564 et mort 78 ans plus tard en 1642. Il est comme Giordano Bruno un exemple incontournable de la confrontation Eglise/sciences au niveau du système solaire. Ces attaques commencent dès la publication de Sidereus Nuncius, court traité d’astronomie publié par Galilée en 1610. En effet, après quelques piques envoyés sans succès par des ennemis du savant à l’aide d’arguments scientifiques et après la confirmation par le collège romain des observations de Galilée, ces attaques se portent alors sur une visée plus religieuse et biblique. Effectivement, Galilée sera inattaquable sur le plan astronomique.

          

            Le 12 avril 1615, le cardinal Robert Bellarmin intervient sur l’ampleur que prend le modèle défendu par Galilée. Il déclare qu’il juge formellement imprudent d’ériger le système de Copernic sous l’aspect d’une vérité physique. En effet, les nombreux scientifiques ayant tenté d’exprimer que ce soit le modèle de l’héliocentrisme ou encore toute autre idée relativement contraire aux dires de l’Eglise avaient toujours l’obligation d’au moins interpréter ces thèses comme de simples hypothèses, sous peine d’être jugé pour hérésie. Galilée répondera toujours que « l'intention du Saint-Esprit est [d’]enseigner comment [...] aller au Ciel, et non comment va le ciel ». Il saura de même toujours défendre le système copernicien mis à part à point qu’il n’arrivait pas à prouver véritablement : la rotation de la Terre. Ainsi, pendant de longs mois, Galilée tente de de défendre son modèle et éviter son interdiction, mais il est convoqué une première fois le 16 février 1616 par le Saint-Office afin de procéder au jugement des différentes propositions de censure à son égard. Celle-ci est affirmée dix jours plus tard par l’Inquisition et le pape Paul V. C’est de la sorte que le premier acte de censure lui est imposer, le contraignant à devoir toujours faire référence à son modèle comme une simple hypothèse.

               

            Début 1632, Galilée publie l’ouvrage qui le mènera à sa condamnation dans les geôles du Saint-Office. Ce recueil, Dialogue sur les deux grands systèmes du monde, conte le dialogue sur quatre journées de trois savants: un premier défendant le système copernicien, un deuxième qui présente un avis neutre, et un dernier interlocuteur prônant le modèle ptoléméen. Protégé par le pape Urbain VIII et le grand-duc de Toscane, il publie le 21 février ce livre censé présenter impartialement les deux systèmes. Cependant, il est jugé que cette indifférence n’est pas réellement installée et que Galilée a implicitement soutenu le système héliocentrique face à l’autre modèle. Le pape se range donc à l’avis des ennemis du savant et il est ainsi de nouveau convoqué à Rome par le Saint-Office en Octobre 1632 (il arrive en février 1633 à cause de ses problèmes de santé). Après quatre mois d’interrogatoire, Galilée cède le 21 juin lorsque des menaces de torture sont évoquées. Il prononce de force la formule d'abjuration que le Saint-Office avait préparée et est censuré et jeté en prison. C’est lors de ces procès que l’on lui attribue le fameux aparté « Et pourtant elle tourne », que l’on considère comme non authentique et qui aurait pu lui valoir le bûcher. Galilée meurt le 8 janvier 1642 à 77 ans après plusieurs maladies.

 

 

            Ainsi, l’Eglise a de nombreuses fois dû maintenir son ordre et sa crédibilité par la force face au pouvoir des observation scientifiques des XVIe et  XVIIe siècles. En effet, celles-ci, contredisant les écrits sacrés prônés par la religion, risquaient fort de compromettre sa plausibilité tant assurée si elles s’avéraient être justes. Il était donc plus sûr pour l’Eglise de rester sur sa position et de résoudre autrement cette confrontation. Ainsi, la publication de ces différents modèles furent vite considérés comme hérésie par l'Inquisition dès qu’ils ne furent plus présentés comment de simples hypothèses ne remettant en aucun lieu les affirmation bibliques.

© 2014 David Martin, Oscar Glaize, Gabriel Bourgain.

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